Dear Water Luang Prabang

Programme Dear Water Luang Prabang 2021-2023

Financé par l'Agence Française de Développement

 

Projet porté par M. Desmet

 

Le PDF du rapport final ici

 

 

© Geosciences.univ-tours.fr

 

Sonde multiparamètre Aquatroll et kit d'ATP métrie GL Biocontrol sur les canaux d'eaux usés de la ville de Luang Prabang, Laos - Nov. 2022

 

 

Résumé

 

La composante 2 du programme Dear Water LP, cofinancé par l’agence Française de Développement et l’Université de Tours et associant les ONG Confluence et le GRET a permis de collecter de nombreux échantillons de sédiments dans les canaux et les mares de la Ville de Luang Prabang. Deux missions d’expertise ont eu lieu, en Novembre 2022 et en Mars 2023 ainsi que deux stages d’étudiants de l’Université de Tours au printemps 2023.

 

Dans le même temps, Un « Lecturer » de l’Université de Souphanouvong a été formé aux techniques de prélèvement et plus généralement aux enjeux scientifiques dans le domaine des sciences de l’eau. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’un Memorandum of Understanding a été signé entre les deux universités partenaires (Tours et Souphanouvong). Cette université Lao a d’ailleurs sollicité l’université de Tours pour l’accompagner dans la mise en place d’un département et d’un laboratoire dédié aux études hydrogéologiques.

 

Il s’agit d’un sans-précédent en matière de recherche scientifique à Luang Prabang puisque c’est la première fois que des analyses sédimentologiques, géochimiques et bactériologiques quantifient précisément les niveaux de contaminations des eaux usées, ces dernières étant intégralement rejetées dans le milieu naturel.    

 

 

Contexte général

 

L’eau constitue la première ressource naturelle utilisée par l’Homme. En France, l’usage domestique n’a cessé́ d’augmenter jusque dans les années 1990 pour atteindre 150 litres/jour/habitant. Au-delà̀ de cette consommation journalière, les besoins (recouvrant tous les types d’activités) sont estimés à 2000 l/j/hab.

 


Au Laos, il n’existe pas de chiffres consolidés concernant les usages de l’eau. Selon la FAO, les besoins sont du même ordre mais la ressource est surtout consacrée à l’agriculture et à la production d’énergie. Ce pays reste le plus pauvre de l’Asie, des quartiers entiers de la capitale et de Luang Prabang n’étant pas desservis en eau potable.

 

Sur le volet du traitement des eaux usées, Le système d’assainissement français assure l’épuration de 5 milliards de m3/an. Au Laos, le Water and Sanitation Program a recensé les capacités de traitement des villes de Ventiane et Luang Prabang mais les volumes d’eau traitée sont mal connus et restent particulièrement faibles.

 

A Luang Prabang, il n’y a pas de stations d’épuration et hormis quelques dispositifs individuels de traitement des eaux usées, la plupart des rejets se font dans le milieu et rejoignent le Mékong.

 

L’eau à Luang Prabang : enjeux de gestion du patrimoine

 

Dans le cadre du label « patrimoine mondial Unesco », les autorités locales (urban development administration agency) ont mis en place des outils de gestion et de protection permettant une sauvegarde de la ville, de ses monuments. L’eau - alors même que le Mékong et la Nam Khan traversent la ville - ne fait pas encore l’objet de grands programmes de protection, hormis les actions menées par l’Agence Française de Développement et la Région Centre Val de Loire.

 

Par ailleurs, la Mekong River Commission soutient de nombreux projets plutôt orientés autour de la gestion des risques hydrologiques liés à la construction des barrages sur le Mékong et ses affluents.  L’accès à l’eau potable et à l’assainissement des eaux usées est une problématique majeure d’autant que les usages sont soumis à une pression démographique et touristique très forte depuis deux décennies.

 

 

Contexte de l’étude en milieu urbain

 

Le secteur de Ban Mano fait partie de la zone classée au patrimoine mondial (périmètre de conservation du plan de sauvegarde et de mise en valeur - PSMV) et il convient de rappeler que les mares et zones humides qui jalonnent le paysage urbain à Luang Prabang font partie des éléments classés par l’UNESCO.

 

Une étude d’impact environnemental a été envisagée pour permettre le maintien des pratiques autour des zones humides tout en améliorant la qualité́ des eaux et en limitant le colmatage des masses d’eau.

 

Des travaux ont consisté à re-profiler deux canaux de drainage qui récoltent à la fois les eaux de pluie et les eaux usées, et à recreuser partiellement certaines mares ; la connexion entre les mares et les canaux permet un écoulement dans les deux sens : en temps normal, l’eau des mares s’écoule vers le canal et en cas de très fortes pluies, l’eau du canal se déverse vers les mares, ce qui permet d’utiliser les mares comme zone tampon.

 

Cet aménagement a conduit (i) au reflux potentiel des mares dans les canaux de drainage, (ii) à la pollutiondes mares liée aux travaux, (iii) et à la modification du régime hydrologique du bassin versant puisque les travaux augmentent les débits captés en aval.

 

 

Objectifs du programme

 

Il convient de rappeler qu’il a fallu réaliser une étude détaillée dans un délai de quelques mois, sachant que les équipes de l’Université de Tours ne sont pas localisées sur place, à Luang Prabang.

 

Néanmoins, il a été possible de mener à bien trois objectifs :

  • Réalisation de deux campagnes de mesure de la qualité des eaux urbaines à Luang Prabang & évaluation des risques de la contamination des eaux dans deux bassins versants complémentaires
  • Déploiement de l’appui scientifique et technique dédié au suivi de la qualité des eaux par les services techniques de la ville de Luang Prabang
  • Renforcement des capacités entre l’Université de Tours et l’Université de Souphanouvong dans le domaine de la ressource en eau & mise en œuvre de la convention de partenariat

Cadre général de la campagne de mesure de la qualité des eaux urbaines

 

La carte ci-dessous (fig. 1) présente l’ensemble des points de prélèvement et d’analyse sur les deux bassins versants urbains étudiés : celui de Ban Mano et celui de la Nam Dong.

 

© Geosciences.univ-tours.fr

 

Le bassin versant de Ban Mano, situé au cœur de Luang Prabang, correspond à une succession de canaux artificiels et de mares dédiés notamment à l’évacuation des eaux domestiques vers le Mékong ; il s’agit d’un réseau d’égouts à ciel ouvert.

  

Le bassin versant de la Nam Dong est composé de deux rivières naturelles prenant leur source dans les collines périphériques de Luang Prabang ; La Nam Dong et la Nam Duai traversent ensuite des secteurs de la frange urbaine de Luang Prabang ainsi que son hôpital

 

L’étude comparée de ces deux bassins versants permet de mieux évaluer les niveaux de contamination de celui de Ban Mano, en testant notamment des indicateurs tels que le pH, la conductivité, l’ATP métrie ainsi des analyses complémentaires effectuées en laboratoire : granulométrie laser, stéréomicroscopie à fluorescence, perte au feu, Carbone Organique Total, Éléments Majeurs et Éléments Traces Métalliques.

 

Le substratum géologique de la région de Luang Prabang est calcaire. Le contexte géodynamique est celui d’un alignement de collines orientées Nord-Sud et connectées vers le Nord à la chaîne himalayenne. L’alcalinité d’une part et la conductivité d’autre part sont des indicateurs forcément liés à cet environnement géologique. Il convient également de préciser que cette campagne de mesure et de prélèvements effectuées en fin de saison humide est partiellement complétée par une campagne post saison sèche.

 

Partenariat académique Université de Tours – Université de Souphanouvong

 

En amont des visites, des contacts avaient été pris auprès du service des relations internationales de l’Université de Souphanouvong. Ces échanges ont permis d’identifier plus précisément les composantes de formation et de recherche et les personnels impliqués dans ce programme de coopération :

  • L’instruction de l’accord cadre et du Memorandum of Understanding a été directement suivie par M. Palitha, responsable des conventions de coopération internationale à l’université de Souphanouvong, accompagné de M. Thavone.
  • Les échanges académiques se font avec la faculté d’agriculture et de ressources forestières, représentées par son vice-doyen, M. Boun Lam.
  • Le partenariat scientifique est déjà à l’œuvre avec M. Anousith Vannaphon, Lecturer au sein de cette faculté, puisqu’il a participé aux campagnes d’analyse et d’échantillonnage sur Ban Mano et la Nam Dong. Il a également co-encadré les étudiants stagiaires.

 

L’Université de Souphanouvong a été créée en 2003 et comprenait initialement une faculté d’éducation, d'économie et d’agriculture. En 2008, grâce au soutien de la banque nationale Coréenne, un second campusa été construit et il héberge notamment trois facultés d’ingénierie, d’architecture et d’études des langues.

 

L’université compte 3000 inscrits principalement en Bachelor et développe actuellement une offre de Master en économie, foresterie et business management. 400 personnels dont la moitié d’enseignants-chercheurs travaillent dans cette université. Les accords internationaux de type Erasmus Mobilités Internationales de Crédits et Capacity Building sont les suivants : Helsinki, Bologne, Alicante, Uppsala, Vilnius.

 

Concernant les mobilités sortantes, deux étudiants de l’université de Tours (Licence Science de la Terre et de l’Environnement, 3ème année & Master Hydrosystèmes et Bassins Versants 1ère année) ont effectué leur stage à Luang Prabang dans le cadre d’une convention d’accueil avec le GRET, en lien avec l’université de Souphanouvong et également sous la responsabilité scientifique de Marc Desmet.

 

Concernant le renforcement de capacité, M. A. Vannaphon a été formé aux enjeux dans le domaine de la ressource en eau et il maitrise dorénavant toutes les techniques et protocole de prélèvement d’échantillons d’eau, de sédiment et de biote. La faculté d’agroforesterie possède de nombreux équipements scientifiques d’évaluation de la qualité des eaux et du milieu (fig. 8). Malheureusement, il n’y a pas encore d’enseignant-chercheur formé en hydrogéologie ; c’est la raison pour laquelle l’université de Souphanouvong a demandé le soutien de l’Université de Tours pour la mise en œuvre d’une salle de travaux pratiques dédiées à l’analyse des eaux.

 

Université de Tours Faculté de sciences et techniques

 

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